Aborder la question de la violence familiale

Approches permettant de reconnaître les employés à risque de violence familiale et d’intervenir de manière appropriée. Dans certaines provinces, il est obligatoire pour les employeurs de protéger les employés qui sont à risque.

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Aperçu

La violence familiale se transforme en violence au travail lorsqu’elle se produit en milieu de travail ou a des répercussions sur le milieu de travail. 

Bien souvent, les employeurs ne considèrent pas la violence familiale comme un risque pour le milieu de travail. Pourtant, cette violence peut avoir des effets négatifs sur la victime, ses collègues et l’organisation. Certains penseront peut-être que la violence familiale est une affaire personnelle et qu’ils ne peuvent rien faire pour y remédier. Il est donc encore plus difficile pour une victime de demander de l’aide.

Selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST), la violence familiale est un comportement utilisé par une personne pour prendre le pouvoir ou le contrôle sur une personne avec laquelle elle entretient ou entretenait une relation. Cette forme de violence englobe divers comportements de violence physique et psychologique.

Dans les relations conjugales, la violence prend diverses formes, notamment :

  • l’utilisation de biens, d’animaux domestiques ou d’enfants pour menacer et intimider;
  • l’exploitation financière, en retenant ou en volant de l’argent, en empêchant un partenaire de se présenter au travail ou en l’empêchant d’obtenir ou de conserver un emploi;
  • la violence sexuelle, spirituelle ou psychologique.

Les gens qui subissent de la violence familiale se sentent souvent isolés. Ils peuvent ressentir de la honte, ou craindre que leur situation nuise à leur emploi, alors ils ont peur de s’exprimer. Les personnes qui soupçonnent qu’un employé vit de la violence familiale hésitent souvent à aborder directement la question ou à intervenir, et ce, pour plusieurs raisons. Cet isolement supplémentaire augmente le risque chez les victimes de violence familiale. 

La violence familiale peut entraîner les répercussions suivantes sur le milieu de travail :

  • un danger potentiel pour les employés, les collègues ou les clients;
  • une baisse du moral des employés;
  • des relations tendues entre collègues de travail;
  • une baisse de la productivité et de la motivation;
  • une augmentation des coûts liés au remplacement, au recrutement et à la formation si les victimes sont congédiées en raison d’un faible rendement ou pour absentéisme.

Stratégies organisationnelles

Le CCHST indique que, dans le cadre d’une politique sur la prévention de la violence en milieu de travail, les employeurs devraient savoir comment faire ce qui suit :

Reconnaître les signes précurseurs : Les personnes qui subissent de la violence familiale sont peut-être plus susceptibles d’en parler à un collègue qu’à d’autres personnes du milieu de travail. Une formation peut aider tous les employés à reconnaître les signes précurseurs et les facteurs de risque associés à la violence familiale. 

Former un réseau de soutien : Diverses personnes peuvent offrir du soutien aux employés qui subissent de la violence familiale. Le travail en équipe peut s’avérer utile pour former un réseau de soutien. Cette équipe pourrait comprendre le superviseur, un collègue fiable, le service des ressources humaines, le fournisseur du Programme d’aide aux employés (PAE) et les représentants syndicaux.

Élaborer un plan de protection : Créez des plans de protection individuels et en milieu de travail pour aborder la situation. Modifiez et mettez à jour les plans selon les circonstances. Après avoir discuté avec l’employé et lui avoir assuré la confidentialité, distribuez les plans à toutes les personnes qui doivent être mises au courant. Vous pouvez élaborer avec l’employé un plan de protection qui prévoit ce qui suit :

  • Obtenir une ordonnance de protection ou d’interdiction de communiquer à l’encontre de l’agresseur, et l’aider à s’assurer que toutes les conditions sont respectées.
  • Distribuer une photo récente ou une description de l’agresseur et avertir d’autres personnes, comme le personnel de sécurité ou de la réception, afin qu’elles puissent savoir de qui elles doivent se méfier.
  • Déplacer le poste de travail de la victime afin qu’elle ne soit pas visible à travers les fenêtres ou depuis l’extérieur.
  • Retirer les coordonnées de la personne des répertoires publics ou du site Web de l’entreprise.
  • Changer le numéro de téléphone de l’employé. Demander à quelqu’un de filtrer ses appels ou bloquer les appels ou les courriels de l’agresseur.
  • Préprogrammer le 911 sur un téléphone ou un cellulaire. Installer un bouton d’appel au secours dans l’aire de travail de la victime ou fournir des alarmes personnelles.
  • Attribuer à l’employé un espace de stationnement bien éclairé près de l’édifice ou demander à quelqu’un de l’accompagner jusqu’à son véhicule ou au transport en commun.
  • Offrir des heures de travail flexibles si cette solution peut être utile.
  • Appeler la police si l’agresseur montre des signes d’activité criminelle. Cela peut comprendre des actes tels qu’une traque furtive ou une surveillance électronique non autorisée.
  • Si la victime et l’agresseur sont tous les deux des employés, des clients, des patients, des vendeurs ou des fournisseurs au sein de la même organisation, s’assurer qu’ils ne sont pas appelés à travailler en même temps et qu’ils ne se croisent pas.
  • Si la victime et l’agresseur travaillent au sein de la même organisation, prendre des mesures disciplinaires afin de tenir l’agresseur responsable du comportement inacceptable en milieu de travail.
  • Effectuer un suivi et vérifier comment les solutions fonctionnent pour l’employé.

Contenu adapté de: Making It Our Business (2014), du Centre for Research & Education on Violence against Women & Children.

Protection des employés

Il peut être difficile de savoir comment engager une conversation sur la violence familiale avec un employé. Votre rôle, en tant qu’employeur ou superviseur, n’est pas de jouer au thérapeute, mais plutôt d’aller voir l’employé et de lui parler de manière professionnelle et délicate pour déterminer l’aide dont il a besoin et l’aider à l’obtenir.

Lorsqu’un employé vous parle de mauvais traitements, évitez de montrer de la stupéfaction ou du désarroi. Soutenez-le en déclarant, par exemple, que « personne ne mérite d’être victime de mauvais traitements ». Lorsque vous discutez avec un employé, votre rôle consiste à :

  • offrir un soutien initial;
  • examiner les mesures particulières qui peuvent être prises afin d’aider l’employé dans son milieu de travail;
  • orienter l’employé vers les ressources disponibles dans la collectivité ou vers un Programme d’aide aux employés (PAE).

Comment amorcer une conversation de soutien  

Lorsque vous abordez la question de la violence familiale avec un employé, veillez à :

  • lui proposer un entretien à un endroit privé et confidentiel;
  • décrire clairement tout problème de rendement que vous avez observé (par exemple : « J’ai remarqué que vous avez du mal à respecter vos échéances et que vous n’êtes pas vous-même. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous aider? »);
  • faire preuve d’empathie en reconnaissant que les problèmes personnels peuvent nuire au rendement au travail;
  • être conscient que les victimes et les auteurs de violence familiale peuvent être de l’un ou l’autre sexe. Il faut s’abstenir de dire seulement « il » en parlant de l’agresseur;
  • utiliser un langage respectueux. Appelez une personne par son nom ou en faisant référence à l’autre personne en utilisant des expressions comme « votre partenaire », « votre conjoint/conjointe »  ou « votre ami/amie ». Évitez de l’appeler « l’agresseur »;
  • faire preuve de sensibilité et éviter de porter des accusations, d’émettre votre opinion ou de tirer des conclusions à propos de la situation;
  • écouter ce que l’employé a à dire et l’encourager à demander de l’aide;
  • élaborer un plan afin d’aider l’employé à maintenir un certain rendement au travail, et une stratégie pour mettre en place ce plan;
  • recommander à l’employé de discuter avec un thérapeute agréé. Les ressources peuvent inclure le Programme d’aide aux employés (PAE) ou des intervenants de lignes d’écoute téléphonique et d’autres experts en prévention de la violence familiale dans la collectivité; 
  • aider l’employé à déterminer si le comportement de l’agresseur constitue un danger pour les autres personnes présentes dans le milieu de travail;
  • s’il semble que les autres employés pourraient être en danger, déterminer avec l’employé un moyen d’assurer leur sécurité sans compromettre la confidentialité.

Lorsque vous amorcez la conversation avec l’employé, utilisez un langage qui indique pourquoi vous êtes préoccupé et qui indique que vous êtes là pour le soutenir. Par exemple : 

  • « J’ai remarqué récemment que vous sembliez agité au travail, et je veux m’assurer que tout va bien. Sachez que votre sécurité nous importe. Si vous souhaitez discuter de quoi que ce soit ou si vous avez besoin d’aide, nous sommes là pour vous. Votre confidentialité est une priorité. »
  • « J’ai remarqué récemment que vous sembliez distrait au travail et je voulais m’assurer que tout allait bien. Sachez que votre sécurité nous importe. Si vous souhaitez discuter de quoi que ce soit ou si vous avez besoin de soutien, nous sommes là pour vous. Votre confidentialité est une priorité. »
  • « J’ai remarqué récemment que vous ne veniez pas aux événements sur le lieu de travail, ce qui ne vous ressemble pas, et je voulais m’assurer que tout allait bien. Sachez que votre sécurité nous importe. Si vous souhaitez discuter de quoi que ce soit ou si vous avez besoin de soutien, nous sommes là pour vous. Votre confidentialité est une priorité. »

Contenu adapté du site Web Safe@Work Coalition, disponible en anglais seulement.

Ressources supplémentaires

Vous trouverez ci-dessous des liens vers d’autres ressources qui pourraient vous intéresser.

Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travailCentre for Research & Education on Violence against Women & ChildrenMary Ann BayntonSafe@Work coalition