Une personne qui vous est chère est peut-être victime de violence familiale

Questions et stratégies pour vous aider à engager une conversation de soutien lorsqu’une personne qui vous est chère est peut‑être victime de violence familiale.

Ce sujet fait partie d’une série de sujets de la bibliothèque de conversations de soutien. Avant d’engager la conversation, passez en revue les directives, y compris ce que vous devez faire si vous vous inquiétez pour la sécurité d’une autre personne.

Que remarquez-vous?

Vous remarquez qu’une personne qui vous est chère peut-être victime de violence familiale. Elle vous semble plus réservée ou distante qu’auparavant. Elle annule peut-être des engagements à la dernière minute ou abandonne des activités qu’elle apprécie habituellement. Dans la conversation, elle exprime un manque de contrôle sur certains aspects de sa vie et se sent triste ou moins confiante. Peut-être aussi semble-t-elle anxieuse ou nerveuse lorsqu’elle est loin de son partenaire, ou bien elle a souvent des bleus ou des blessures.

Que devez-vous savoir?

La violence familiale est un problème de contrôle, que ce soit par la violence ou la manipulation psychologique. À titre d’exemples, on peut citer le fait de devoir toujours demander la permission au partenaire pour participer à des activités ou à des événements sociaux, de voir ses communications ou ses mouvements surveillés, ou d’avoir peu accès à l’argent. Le fait qu’une personne ait peu de contrôle sur sa vie est un signe qu’elle est peut-être maltraitée d’une manière ou d’une autre. Si elle est victime d’abus, elle est probablement très solitaire et remplie de peur. Les personnes qui en sont victimes ont souvent l’impression que personne ne les croira, et il est donc très utile pour elles de constater que quelqu’un fait attention à elles.

De quoi devez-vous tenir compte?

Les victimes de violences familiales se sentent souvent seules et pensent que personne ne les croira ou ne les soutiendra. Si engagez une conversation avec une personne au sujet d’une éventuelle maltraitance, veillez à lui laisser suffisamment de temps pour ne pas l’interrompre. Elle peut avoir des sentiments contradictoires en parlant de son partenaire, et la conversation peut prendre plusieurs directions lorsqu’elle parle de ses sentiments. Il est important de l’écouter et de lui indiquer que vous la croyez, par exemple en lui disant « je te crois » et « ce n’est pas ta faute », lorsqu’elle parle pour la première fois d’une éventuelle maltraitance. Vérifiez fréquemment comment se porte la personne qui s’est confiée à vous pour parler d’éventuels abus, car c’est un moment de vulnérabilité pour elle.

Engagement d’une conversation de soutien

Adoptez un état d’esprit adéquat

Engagez la conversation dans un esprit de soutien. Soyez attentif à vos propres intentions cachées, comme le fait de vouloir corriger ou influencer la personne. Évitez les déclarations du type « vous », par exemple : « vous faites toujours... ». Elles donnent souvent à la personne le sentiment d’être jugée ou critiquée. Soyez curieux et gardez à l’esprit que vous ne savez rien de ses expériences.

Questions pour vérifier votre état d’esprit :

  • Quelles sont mes hypothèses sur cette situation?
  • Comment vais-je exclure ces hypothèses de la conversation et me montrer conciliant?
  • Qu’est-ce que j’espère accomplir en engageant cette conversation?
  • Comment puis-je éviter que ma soif de résultat n’interfère avec ma capacité à apporter du soutien?

Relevez

Relevez les changements de comportement qui ne sont pas typiques de la personne et posez-lui des questions à leur sujet. Ne formulez pas d’hypothèses ou d’opinions sur les raisons de ces changements. Si vous vous trompez, la personne peut être découragée de poursuivre la conversation.

Exemples d’amorces de conversation pour signaler une anomalie :

  • « J’ai remarqué que tu es distant ces derniers temps et que tu as annulé nos rendez-vous. Est-ce que ça va? »
  • « J’ai remarqué qu’il est difficile pour toi d’être loin de ton partenaire. Est-ce que tout va bien?»

Préparation de l’intervention

Toutes les conversations de soutien ne permettent pas de comprendre comment vous pouvez aider une personne. N’oubliez pas que l’objectif d’une conversation de soutien est de comprendre ses besoins et souhaits, et aussi de savoir si elle est disposée à recevoir de l’aide. Les lignes directrices ci-dessous peuvent vous aider à vous préparer à intervenir lorsque la personne est ouverte ou non à une discussion.

Lorsque la personne ne semble pas ouverte à la discussion – une réponse de fermeture :

Tout le monde n’est pas à l’aise pour répondre à des questions sur ses sentiments ou sur les raisons de son changement de comportement. Vous pouvez obtenir des réponses évasives, comme « Je vais bien » ou « Ça ne te regarde pas ». Dans ce cas, vous pouvez réitérer votre préoccupation et leur laisser une ouverture à laquelle ils pourront avoir recours lorsqu’ils seront prêts.

  • « Je m’inquiétais pour toi et je voulais savoir ce qui ne va pas. Si tu dis que tu vas bien, je te fais confiance. Si la situation change, je suis là pour te soutenir si tu as besoin de moi. »

Si la conversation de soutien s’arrête là, vous devriez vous sentir bien d’avoir remarqué le problème de la personne et de vous être informé de son bien-être. Essayez de ne pas vous sentir personnellement concerné par la réponse ou le ton, même si la conversation ne mène nulle part. Il faut du courage pour engager ce genre de conversation, et il ne vous appartient pas de forcer cette personne à remarquer ou à modifier son comportement.

Lorsque la personne semble être ouverte à la discussion – une réponse d’ouverture :

Si la personne confirme que ses sentiments ou les circonstances de sa vie ont effectivement changé, vous avez réussi à engager une conversation de soutien.

Vous pourriez alors poursuivre en ces termes :

  • « Dis-m’en davantage. Je veux mieux comprendre ce que tu vis. »

Continuez à vous conformer aux lignes directrices ci-dessous pour engager une conversation de soutien.

Poursuite de la conversation

Écoutez attentivement

Écoutez attentivement si la personne ne se sent pas soutenue ou ne parvient pas à satisfaire ses besoins. Lorsqu’elle a fini de parler, assurez-vous d’avoir bien entendu en reformulant sa déclaration et en lui demandant si vous l’avez bien comprise.

Exemples d’« écoute attentive » dans la conversation :

  • « Je comprends que tu crains que ton partenaire soit en colère contre toi si tu t’absentes pendant longtemps ou si tu ne passes pas de temps avec lui. C’est bien cela? »

Mettez en évidence les points forts

Mettez en évidence les points forts que vous voyez chez la personne. Il peut s’agir, par exemple, du courage ou de la persévérance dont elle a fait preuve pour faire face à la situation qu’elle vient de vous exposer.

Exemple de « mise en évidence des points forts » dans la conversation :                       

  • « Merci de m’avoir fait confiance et de m’avoir fait part de tes préoccupations. Cela exige beaucoup de courage de s’ouvrir et de parler de ses sentiments. Je ne savais pas ce que tu vivais une telle situation. »

Déterminez le soutien

Déterminez le soutien que la personne souhaite obtenir et indiquez-lui les ressources pertinentes. N’insistez pas sur le soutien ou les ressources qu’elle ne veut pas ou qu’elle n’est pas prête à accepter.

Exemples de « détermination du soutien » dans la conversation :

  • « Tu as exprimé le besoin de mieux comprendre les relations saines et de trouver ta propre voix; comment puis-je t’aider au mieux en ce moment? »
  • « Je peux t’aider à trouver des ressources pour remédier à cette situation. Cela te convient-il? »

*Remarque : Si vous avez des limites sur la façon dont vous pouvez apporter votre soutien, soyez précis sur ce que vous pouvez faire. L’offre de soutien doit être réaliste et correspondre à vos propres capacités et au temps dont vous disposez. Sinon, parlez de ce qu’il est réaliste pour vous deux de faire en ce moment pour créer un changement dans la vie de la personne.

Élaborez un plan d’action

Élaborez un plan d’action avec la personne pour exploiter ses points forts. Ensuite, faites un suivi régulier et ajoutez d’autres ressources lorsqu’elle est prête. Donnez un calendrier précis ou expliquez comment vous allez la soutenir. 

 Exemple d’« élaboration d’un plan d’action » dans la conversation :

  • « Je suis très heureux que nous ayons eu cette conversation. Je suis ici pour vous soutenir, et je m’inquiète pour ta sécurité. J’aimerais aussi discuter d’un plan de sécurité si estimes que tu n’es pas en sécurité et que tu dois mettre fin à votre relation. Établissons un plan de ce que tu ferais si cela devait arriver. »

Merci pour votre soutien! Vous avez pris le temps d’apprendre à engager une conversation qui permet à votre proche ou ami de savoir que vous faites attention à lui et que vous vous souciez de son bien‑être. En montrant votre intérêt, vous pouvez l’aider à évaluer s’il doit continuer dans la même voie ou apporter des changements à certains éléments de sa vie. Pour certains, cela peut être le début d’un parcours nécessitant une aide supplémentaire de services de soutien ou de professionnels.

Ressources supplémentaires

Pour être un soutien efficace, il est utile de mieux comprendre ce que vit votre proche ou ami. Consultez ces ressources pour mieux cerner le contexte de leurs expériences :

Iris the DragonJessica GrassMary Ann Baynton