Il s’agit du cinquième d’une série de billets de blogue rédigés par Mary Ann Baynton, directrice générale, Stratégie et collaboration, Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale.
Cette période où tout le monde avait peur d’éternuer
Nous avons tous retenu notre souffle en même temps – et pas seulement pour éviter de propager le virus.
En mars 2020, au grand étonnement de tous, le gouvernement annonçait un premier arrêt forcé des activités en raison de la COVID-19. Comment oublier ce moment? Tout ça est arrivé sans trop de préavis et d’information.
Et, du jour au lendemain, des employés perdaient leur source de revenus. À partir du 15 mars 2020, le gouvernement a offert la Prestation canadienne d’urgence à certains employés et travailleurs autonomes touchés par la COVID-19. Les fonds n’ont toutefois été versés qu’à la fin de septembre 2020. Sans revenus pendant 6 mois, ces personnes ont éprouvé beaucoup de stress et d’incertitude. Et comme on ne savait pas encore comment traiter le virus, tout le monde craignait de l’attraper.
De 2020 à 2022, cette urgence sanitaire mondiale sans précédent a mis tous les milieux de travail sous pression. Presque tous les employés dans le monde vivaient en même temps un événement présentant un danger de mort. Les taux de décès augmentaient, et la situation s’éternisait. Cela a eu une incidence importante sur la santé mentale et le travail. En 2019, 53 % des Canadiens considéraient que leur santé mentale était excellente ou très bonne. Ce chiffre a dégringolé pendant la pandémie, pour atteindre 38 % en décembre 2020 (Kronfli, C., 2021).
Les travailleurs de première ligne sont devenus des héros, mais à quel prix?
Bien des employés ont pu faire du télétravail lorsque les mesures de confinement ont été mises en place. D’autres personnes n’ont pas pu en faire autant, car leur travail ne pouvait pas être effectué à distance ou leurs services étaient considérés comme essentiels. Il s’agissait principalement de premiers répondants, de travailleurs de la santé, d’employés du secteur de l’hydroélectricité ou du gaz naturel et d’autres services publics, ainsi que de personnes occupant un emploi jugé essentiel (p. ex. un emploi lié à l’approvisionnement en produits de première nécessité, comme la nourriture et les médicaments). Certains d’entre eux ont simplement refusé de se rendre au travail pendant la pandémie. D’autres sont tombés malades ou ont dû prendre soin de membres de leur famille. Ceux qui sont restés en poste se sont ainsi retrouvés avec une charge de travail élevée. Les commis d’épicerie, les camionneurs, les travailleurs de la santé et les employés du secteur de l’hydroélectricité ont été traités en héros, du moins au début. À un moment donné, cette pandémie semblait sans issue.
En raison des problèmes d’approvisionnement touchant l’équipement de protection (masques, gants et autres moyens de protection individuelle), certains travailleurs, en particulier ceux dans le secteur de la santé, étaient exposés au virus. Les membres du personnel infirmier, forcés de porter le même masque toute la journée, savaient que cela les mettait, eux et leurs patients, en danger. Pour certains, cela a été un événement traumatique causant un préjudice moral (Norman, S.B. et Maguen, S., 2025). Un nombre record d’infirmières et d’infirmiers ont démissionné et quitté le métier.
Comme ces travailleurs craignaient de contracter la maladie ou de contaminer leur famille, ils ne pouvaient pas tout simplement finir leur quart de travail et rentrer chez eux. Ils devaient prendre des mesures pour protéger leur famille, comme se déshabiller et prendre une douche au travail, puis laver leurs vêtements de travail séparément. Certaines personnes qui ne voulaient pas mettre leur famille en danger ne retournaient pas du tout à la maison entre leurs quarts de travail. Elles dormaient dans des hôtels, des roulottes, des chambres louées ou même dans leur voiture.
De nombreux travailleurs essentiels ont commencé à ressentir de la fatigue et de la frustration en raison des conditions de travail exigeantes, des ressources inadéquates et des attentes changeantes. À l’inverse, de nombreux employés considérés comme non essentiels, y compris dans le secteur de la santé, ne se sentaient pas pleinement appréciés. L’accent était mis sur les travailleurs essentiels, mais ceux qui étaient à la maison accomplissaient un travail tout aussi important en arrière-plan.
De nombreux autres employés de première ligne (dans les épiceries, les stations-service et les services de livraison) étaient aussi considérés comme des travailleurs essentiels. Ils devaient se présenter au travail même s’ils touchaient le salaire minimum et devaient faire face à des risques pour leur santé en raison de clients refusant de porter un équipement de protection individuelle. Parfois, ils leur arrivaient aussi d’être victimes de comportements violents ou abusifs en raison de l’anxiété et du stress élevés ressentis par bien des gens à ce moment-là.
De nombreuses personnes estimaient que le rôle « essentiel » qui leur a valu le statut de héros au début de la pandémie n’en valait plus la chandelle.
Qu’avons-nous appris?
La pandémie mondiale nous a sans contredit fait vivre des temps difficiles. Cependant, elle nous a également permis d’apprendre certaines choses. Elle a notamment permis aux employeurs de mieux comprendre comment la santé et la sécurité psychologiques des employés influent sur le rendement et la productivité. Les experts en santé et en sécurité psychologiques interviewés par l’équipe des Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale ont conclu que les organisations qui favorisaient la santé et la sécurité psychologiques étaient mieux outillées pour soutenir efficacement leurs employés pendant cette période difficile.
Monika Mielnik, directrice générale déléguée, Équité, Diversité et Inclusion, Investissements RPC, a résumé la situation de la façon suivante : « Si votre organisation a déjà mis en place des politiques appuyant la santé et la sécurité psychologiques, vos employés se sentiront plus à l’aise de se servir des ressources disponibles pendant les périodes difficiles. »
Dans le prochain billet de la série, je me pencherai sur les nombreuses incertitudes qui ont accablé tout le monde pendant la pandémie. Il fallait notamment déterminer si on se faisait vacciner ou non, ce qui a provoqué de nombreux débats animés.
Découvrez l’Histoire de la santé et de la sécurité psychologiques et lisez tous les blogues de cette série.
Les opinions exprimées dans ces billets de blogue sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle de la Canada Vie ou des Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale.