Il s’agit du deuxième billet de blogue d’une série rédigée par Mary Ann Baynton, directrice générale, Stratégie et collaboration, Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale.
Un médecin, un avocat et une travailleuse sociale
La légende veut qu’en 2009, un médecin, un avocat et une travailleuse sociale se soient réunis pour discuter des préoccupations qu’ils observaient dans les milieux de travail canadiens. Ils se préoccupaient des conséquences du stress professionnel sur la santé des travailleurs, de même que de l’incertitude des employeurs face aux stratégies à adopter pour en atténuer les risques.
Je peux confirmer que la légende est fondée. Le médecin en question était le Dr Ian Arnold, spécialiste en santé au travail et président du Comité consultatif sur la santé mentale en milieu de travail de la Commission de la santé mentale du Canada. L’avocat était Martin Shain, spécialiste en droit du travail. Quant à la travailleuse sociale, c’était moi. J’avais alors accumulé plus de 15 années d’expérience en services-conseils en gestion.
Dès notre première rencontre, nous avons cherché comment soutenir les employeurs afin qu’ils ne compromettent pas la santé mentale de leurs équipes. Le harcèlement, la discrimination, des attentes mal définies et le stress lié à une charge de travail excessive peuvent nuire à la santé mentale. On désignait ces éléments, susceptibles d’affecter le bien-être des travailleurs, sous le nom de facteurs psychosociaux. Notre objectif était de permettre aux employeurs de mieux protéger la santé et le bien-être de leurs employés, tout en favorisant le rendement organisationnel.
Si les employeurs, les syndicats et les employés partageaient la responsabilité de protéger la santé et la sécurité psychologiques au travail, ils pourraient également prévenir certaines des pires répercussions sur les employés. Nous voulions créer une ligne directrice claire qui aiderait les employeurs à comprendre qu’un milieu de travail sécuritaire sur le plan psychologique est à la fois possible et utile pour les entreprises.
Notre objectif était d’améliorer la vie au travail pour l’ensemble du personnel. Nous avons rédigé un aperçu de notre vision à présenter lors d’une conférence de consensus qui s’est tenue plus tard en 2009. Nous souhaitions aborder la question sous toutes ses formes avec des experts de divers domaines. Nous savions que nous repartirions ce jour-là avec un plan clair pour développer une norme – ou avec la certitude qu’il ne valait pas la peine d’aller plus loin.
Après de nombreux échanges, un consensus s’est dégagé : il fallait créer une norme. Ian, Martin et moi avons fait de notre mieux pour ne pas laisser éclater notre joie.
Nous avions une grande vision. Nous savions que si nous élaborions la norme en respectant des critères bien précis, nous pourrions, un jour, inspirer une norme internationale. Nous avons appris ce qui était requis et l’avons inclus dès le départ.
Alerte divulgâcheur! Cela s’est produit.
La norme de l’International Standard Organization (ISO) 45003:2021 Management de la santé et de la sécurité au travail – Santé psychologique et sécurité au travail – Lignes directrices pour la gestion des risques psychosociaux a été publiée à peine huit ans plus tard. Il s’agit d’une norme internationale en matière de santé et de sécurité psychologiques et d’un pas de géant vers la réalisation de cette vision. Nous en rediscuterons dans un prochain billet.
Point de départ
Nous savions que nous aurions besoin d’aide pour y parvenir. Nous nous sommes donc tournés vers les professionnels de l’Association canadienne de normalisation (CSA) et du Bureau de normalisation du Québec (BNQ) pour nous aider à rédiger cette norme pancanadienne.
Initialement, ce qui est aujourd’hui La Compagnie d’Assurance du Canada sur la Vie avait proposé de financer l’élaboration de la norme, dont le coût avait alors été sous-estimé à 250 000 $. Bien que la contribution de la compagnie ait été précieuse, certains ont exprimé la crainte que la norme soit perçue comme plus légitime si elle était soutenue par le gouvernement fédéral plutôt que par une entité privée à but lucratif. La tâche de demander ce financement au gouvernement a été confiée à l’honorable Michael Kirby, président de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et ancien sénateur. Il a insisté pour que je l’appelle Mike.
Puis, le grand jour est arrivé. Nous avons appris que le gouvernement du Canada avait octroyé à Mike un financement de 325 000 $. Grâce à un financement supplémentaire de la Canada Vie et de Bell Canada pour couvrir le coût d’environ un demi-million de dollars, nous étions prêts à commencer notre travail.
Une fois le financement en place, nous avons posé la question suivante : « Pourrions-nous élaborer une norme qui s’harmonise avec le cadre existant en matière de santé et de sécurité au travail? »
Et c’est là, mes amis, que tout a véritablement commencé.
Restez à l’affût du billet du mois prochain, dans lequel je vous présenterai le qui et le pourquoi de ce qui a suivi.
Découvrez l’Histoire de la santé et de la sécurité psychologiques et lisez tous les blogues de cette série.
Les opinions exprimées dans ce billet de blogue sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle de la Canada Vie ou de Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale.
Ressources supplémentaires
ISO 45003:2021 Management de la santé et de la sécurité au travail – Santé psychologique et sécurité au travail – Lignes directrices pour la gestion des risques psychosociaux. La Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail a contribué à inspirer la norme internationale.